13 Octobre 2022

Allianz Global Wealth Report 2022 : une nouvelle ère patrimoniale

Allianz Global Wealth Report 2022 : une nouvelle ère patrimoniale

  • Trois années prospères : pour la troisième année consécutive, les actifs financiers mondiaux ont enregistré une croissance à deux chiffres en 2021, atteignant 233 000 milliards d'euros (+10,4 %).
  • Un tournant majeur : en 2022, une baisse nominale de plus de 2 % semble se profiler. Les ménages perdraient un dixième de leur patrimoine financier.
  • La dette signe son grand retour : l'endettement des ménages a bondi de 7,6 % en 2021, l’augmentation la plus rapide depuis 2006, avant la crise financière mondiale.
  • France : forte progression des actifs financiers en 2021, de 6,5 %, à la faveur de l’essor des marchés boursiers et d'une épargne forte.

Allianz dévoile ce jour la 13e édition de son Global Wealth Report, qui analyse le patrimoine financier et la dette des ménages, dans plus de 60 pays.

La fin d’une époque

Rétrospectivement, 2021 pourrait bien avoir été la dernière année de ce qui fut l’économie des taux d’intérêts zéro durant laquelle les politiques monétaires ont alimenté l'expansion des marchés boursiers. Une époque aujourd’hui révolue. Les ménages en ont largement profité : pour la troisième année consécutive, les actifs financiers mondiaux[1] ont enregistré une croissance à deux chiffres en 2021, atteignant 233 000 milliards d'euros (+10,4 %).
Ces trois dernières années, le patrimoine financier des ménages a connu une ascension vertigineuse de 60 000 milliards d'euros, soit l’équivalent de deux fois le PIB de la zone euro.

En termes de croissance d’actifs, trois régions se sont distinguées : l'Asie, hors Japon (+11,3 %), l'Europe de l’Est (12,2 %) et l'Amérique du Nord (+12,5 %). À l'instar des deux dernières années, cette dernière région, la plus riche du monde avec des actifs financiers bruts par habitant totalisant 294 240 euros, contre une moyenne mondiale de 41 980 euros, a enregistré des taux de croissance comparables à ceux des marchés émergents.
En revanche, l'Europe de l'Ouest (109 340 euros) s'est davantage comportée comme une région riche déjà plus mure, avec une croissance de 6,7 %.

Principal moteur de cette croissance, l'essor des marchés boursiers, qui a contribué de près de deux tiers à la croissance du patrimoine en 2021 et dont le fer de lance a été la classe d'actifs des titres (+15,2 %). Pour autant, l'épargne récemment constituée est restée également élevée. Malgré une baisse d’environ 19 % en 2021, à 4 800 milliards d'euros, l'épargne s'est encore établie 40 % au-dessus du niveau de 2019. La composition de l’épargne a par ailleurs légèrement évolué : malgré un fléchissement, la part des dépôts bancaires, à 63,2 %, reste de loin la classe d’actifs préférée des épargnants ; en revanche, les titres ainsi que les produits d’assurance et fonds de pension ont marqué des points auprès des épargnants, même si leur part dans l’épargne récemment constituée, à savoir 15,5 % et 17,4 % respectivement, a été beaucoup plus faible. Illustration de cette dynamique, les dépôts bancaires mondiaux n’ont progressé « que » de 8,6 % en 2021, soit tout de même la deuxième plus forte hausse jamais enregistrée (après le bond de 12,5 % en 2020). Les actifs d’assurance et de fonds pension ont progressé au rythme bien plus faible de 5,7 %.

Un tournant majeur

2022 marque un tournant. La guerre en Ukraine a stoppé la reprise et secoué l’équilibre mondial : l'inflation galopante, les pénuries d’énergie et de produits alimentaires et le resserrement monétaire pèsent sur les économies et les marchés.

Le patrimoine des ménages ne sera pas épargné. Les actifs financiers mondiaux devraient perdre plus de 2 % en 2022, préfigurant la première destruction significative de richesse financière depuis la crise financière mondiale de 2008. En valeur réelle, les ménages vont perdre un dixième de leur patrimoine. Mais, contrairement au redressement relativement rapide qui a suivi la crise financière mondiale de 2008, aujourd'hui, les perspectives à moyen terme s'annoncent assez sombres : la croissance nominale des actifs financiers devrait en moyenne atteindre 4,6 % jusqu’en 2025, contre 10,4 % ces trois dernières années.

« 2021 marque la fin d'une époque », observe Ludovic Subran, Chef Economiste du Groupe Allianz. « Les trois dernières années ont été, à tout point de vue, extraordinaires, une aubaine pour la plupart des épargnants. 2022 et les années qui vont suivre s'annoncent différentes.
La crise liée au coût de la vie met le contrat social à rude épreuve. Les décideurs politiques font face à d'énormes défis : surmonter la crise énergétique d'un côté, garantir la transition écologique de l'autre, tout en stimulant la croissance le tout sur fond de resserrement drastique de la politique monétaire. Il n'y a pas de droit à l’erreur. Seules des mesures innovantes et ciblées au niveau national et davantage d’unité européenne leur permettront de relever ces défis. »

Le retour de la dette

Fin 2021, la dette mondiale des ménages s’élevait à 52 000 milliards d'euros. La hausse annuelle de +7,6 % a largement dépassé la moyenne à long terme de +4,6 % et la progression observée en 2020 de +5,5 %. La dernière hausse plus élevée remonte à 2006, bien avant la crise financière mondiale. Toutefois, compte tenu de la forte hausse en valeur nominale, le ratio d’endettement mondial (passifs en pourcentage du PIB) a même chuté à 68,9 % (contre 70,5 % en 2020). La répartition géographique de la dette a évolué depuis la dernière crise. Si la part des marchés avancés est en recul – la part américaine, par exemple, a perdu dix points de pourcentage depuis la crise financière mondiale, pour tomber à 31 % – les marchés émergents représentent une part toujours plus importante de la dette mondiale, au premier rang desquels l’Asie (hors Japon) dont la part a plus que doublé en dix ans, à 27,6 %. « Il y a lieu de s’inquiéter de la forte progression de la dette à l'aube d'une récession mondiale », alerte Patricia Pelayo Romero, co-auteure du rapport. « Dans les marchés émergents, la dette des ménages s'est creusée avec un taux de croissance à deux chiffres ces dix dernières années. C'est plus de cinq fois le rythme observé dans les économies avancées. Les niveaux de dette semblent dans l'ensemble encore gérables. Cependant, compte tenu des fortes tensions structurelles auxquelles ces marchés sont confrontés, le spectre d'une crise de la dette constitue une réelle menace. »

France : forte progression des actifs financiers de 6,5 %

Les ménages français ont vu leurs actifs financiers bruts progresser de 6,5 % en 2021, soit la deuxième plus forte hausse de la décennie. A l’origine de cette performance, l'excellente tenue de la classe d’actifs des titres enregistrant une croissance impressionnante de 12,9 %.

Pour autant, l’essentiel de cette hausse (93 %) tient davantage à l'essor des marchés boursiers qu'à un réel changement de comportement des épargnants : avec près de 15 milliards d'euros en 2021 (-57 % par rapport à 2020), la part des produits de marché des capitaux dans l’épargne récemment constituée n’est que de 7 % environ, soit près de la moitié à peine de son niveau de l’année précédente.

L'appréciation des titres en bourse n'est pas l'unique moteur de la forte croissance du patrimoine financier l’année dernière. L'épargne forte en est un autre : au total, l'épargne récemment constituée s'est élevée à 211 milliards d'euros, soit plus de 60 % au-dessus de la moyenne à long terme de la dernière décennie. Cette épargne est essentiellement constituée de dépôts bancaires : 116 milliards d'euros, soit plus de la moitié (55 %) du total des apports, ont été placés dans cette classe d’actifs. Les dépôts bancaires ont ainsi enregistré une forte croissance de 6,4 %.

Dernier point, et non des moindres, avec une faible croissance de 1,1 %, la part des actifs d’assurance et fonds de pension dans les actifs financiers a perdu un peu moins de 2 points de pourcentage. Représentant 34,3 % du portefeuille, cette classe d’actifs reste néanmoins la plus appréciée des épargnants (dépôts bancaires : 29,3 %, titres : 29,2 %).

En revanche, les passifs ont progressé de 4,2 %, bien au-dessus de la moyenne à long terme de 3,0 %. Les actifs financiers nets ont en définitive augmenté de 7,5 %. Avec des actifs financiers nets de 72 320 euros par habitant, la France se place au 16e rang des 20 pays les plus riches (actifs financiers par habitant, voir tableau). Pourtant, la France ne devrait pas échapper au revirement de tendance : en 2022, les actifs financiers devraient reculer de près de 2 %.

Actifs financiers nets par habitant en 2021

 

 

En euros

a/a. en %

Classement en 2001

1

États-Unis

259 780

13,2

2

2

Suisse

237 110

7,9

1

3

Danemark

183 610

25,3

17

4

Suède

146 510

19,0

16

5

Taïwan

138 220

9,5

10

6

Singapour

134 150

6,8

14

7

Nouvelle-Zélande

132 170

11,5

6

8

Pays-Bas

125 510

-2,0

7

9

Canada

125 290

11,7

9

10

Israël

106 220

12,5

11

11

Belgique

103 700

5,1

3

12

Royaume-Uni

102 830

5,0

5

13

Japon

102 720

5,3

4

14

Australie

99 400

11,3

18

15

Irlande

77 610

12,4

13

16

France

72 320

7,4

12

17

Italie

71 820

7,7

8

18

Allemagne

69 290

9,7

19

19

Autriche

67 930

5,8

15

20

Malte

50 330

3,7

21

Retrouvez l’intégralité de l’étude, en anglais, ici ou sur la page Allianz Research

Retrouvez la carte interactive « Allianz Global Wealth Map »

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  1. ^ Les actifs financiers incluent les liquidités et dépôts bancaires, les créances de compagnies d’assurance et d’institutions de retraites, les titres (actions, obligations et fonds d’investissement) et autres créances.
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A propos d'Allianz

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Les experts

Ludovic Subran

Ludovic Subran est Chef économiste du groupe Allianz, premier assureur et investisseur en Europe. Auparavant, il était Chef économiste d’Euler Hermes, filiale d’Allianz et leader mondial de l’assurance-crédit. Avant de rejoindre le secteur privé, il a travaillé à la Banque Mondiale, aux Nations-Unies et à l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Il enseigne l’économie à HEC et à Sciences Po. Il est diplômé de l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Analyse de l’Information et de Sciences Po.