- Forte croissance au niveau mondial : les primes d’assurances progressent de 4,9 % en 2022[1], en dépit d’un taux d’inflation mondial de 8,6 %. Elles devraient augmenter de 5,2% par an au cours des dix prochaines années.
- Des résultats contrastés en France : un recul du segment Vie mais une hausse des segments IARD et Santé.
- Une ancre dans la tempête : l’assurance est un amortisseur essentiel, car elle aplatit la courbe du cycle économique.
- Transformation en profondeur : le modèle économique des compagnies d’assurance va évoluer pour passer de la compensation financière classique à la gestion et à la prévention des risques.
Le groupe Allianz a publié l’édition 2023 de son « Global Insurance Report » qui analyse chaque année l’évolution des marchés de l’assurance dans le monde.
Forte croissance
Le rapport souligne que pour l’année 2022, le montant total des primes s’est élevé près de 5 600 Md€ au niveau mondial. Le segment Vie reste le plus important (2 600 Md€), devant IARD (1 800 Md€) et le segment Santé (1 100 Md€). Les trois segments ont livré des performances disparates : alors que l’activité IARD a enregistré une croissance robuste de 8,7 %, la Santé présente une hausse modeste de 4,9 % et l’assurance-vie a n’a pas atteint le niveau attendu avec un taux de 2,4 % : la compression des revenus réels des ménages a eu des répercussions notables sur l’épargne privée.
Par ailleurs, les primes ont progressé au niveau mondial de 259 Md€, soit une hausse de 4,9 %, en-deçà du taux d’inflation mondial de 8,6 %.
Toutes les régions du monde ont contribué à cette hausse sur le segment IARD. L’Amérique du Nord y a néanmoins contribué pour plus de la moitié, signant à elle seule une hausse de 77,5 Md€ (+9,9 %). Avec ses 860 Md€ de revenu des primes, elle reste de loin le plus grand marché mondial. L’Asie a également enregistré une croissance robuste de 8,4 % l’année dernière (+31 Md€). Avec un revenu total des primes de près de 403 Md€, la région a dépassé l’Europe pour la première fois (+4 %, soit 15 Md€, contre 397 Md€).
Les marchés de l’assurance-vie ont été durement mis à l’épreuve l’année dernière, en particulier en Europe occidentale : le revenu des primes a baissé de 2,7 % en 2022 (-21 Md€) pour atteindre 740 Md€. Le segment signe également une performance insatisfaisante en Asie, où il a enregistré une modeste augmentation de +3,6 % (+33 Md€) pour s’établir à 952 Md€. Comme pour le segment IARD, c’est l’Amérique du Nord qui a porté la croissance en 2022, avec +7,8 %, soit 61 Md€, pour atteindre 840 Md€. La domination américaine est encore plus marquée pour le segment de la Santé : deux tiers du revenu total des primes dans le monde proviennent du marché américain.
Des résultats contrastés en France
Le marché français de l’assurance a reculé en 2022 de 2,3 Md€, soit 0,9 %, et représente désormais 263 Md€ de revenus. Ce recul est entièrement dû au segment Vie (-4,2 Md€, soit -2,8 %), qui reste néanmoins le segment le plus important avec 144 Md€. Les deux autres segments ont progressé, même si les hausses sont restées plutôt modérées : + 1,7 Md€, soit + 2,2 %, pour IARD (78 Md€) et + 0,2 Md€, soit + 0,5 %, pour la Santé (40 Md€).
Une ancre dans la tempête
Sur le plan économique, le plus grand défi des années à venir consistera à naviguer dans un environnement inflationniste. Cinq facteurs structurels seront déterminants pour l’évolution de l’inflation, les fameux « cinq D » : démographie, démondialisation, décarbonation, digitalisation et dette. Ensemble, ces « cinq D » pourraient entraîner une hausse significative de l’inflation annuelle, et ce jusqu’à 1 %.
« L’assurance démontre toute sa valeur en période difficile d’inflation élevée et de croissance au ralenti, a déclaré Ludovic Subran, économiste en chef du groupe Allianz. Le secteur de l’assurance ne peut pas juguler l’inflation, mais il peut en atténuer l’impact au fil du temps en jouant le rôle d’amortisseur. D’après Eurostat, par exemple, l’inflation du segment IARD particuliers, comme l’assurance automobile et l’assurance des biens, a été largement inférieure à l’inflation globale l’année précédente. L’assurance est un amortisseur essentiel car elle aplatit la courbe du cycle économique pour les clients. »
Continuité en surface
Si l’inflation devait rester élevée au cours des dix prochaines années, les primes ne devraient augmenter que de 5,2 %, soit un supplément de 4 190 Md€ de primes mondiales. En 2033, le revenu des primes atteindra 4 300 Md€ pour le segment Vie, 3 100 Md€ pour IARD et 2 300 Md€ pour la Santé.
En France, les primes d’assurance devraient augmenter de 3,1 % par an. Le volume total du marché atteindra ainsi 368 Md€ en 2033. Elle conservera donc sa 6ème place au sein des 10 plus grands marchés mondiaux de l’assurance, devant l’Allemagne (8e). Le segment Vie restera vraisemblablement le plus important (200 Md€), devant IARD (117 Md€) et la Santé (51 Md€).
Transformation en profondeur
Compte tenu des bouleversements technologiques majeurs ainsi que de l’apparition et de l’essor de nouveaux risques, ces prévisions, suggérant plus ou moins une continuité, pourraient surprendre. Mais cette continuité ne concerne que la surface, c’est-à-dire la croissance des primes. En profondeur, les changements sont spectaculaires.
La technologie va changer le métier des compagnies d’assurance. Les écosystèmes, par exemple, joueront un rôle décisif dans l’accès des clients aux services d’assurance, en leur offrant non seulement des produits individuels, mais aussi des solutions globales qui répondent à leurs besoins, que ce soit en matière de mobilité, de logement, de voyage, de patrimoine ou de santé. L’IA ouvre la porte à de nombreuses possibilités en matière d’analyse de données, ce qui révolutionnera l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la souscription jusqu’à la gestion des sinistres.
« Tout en conservant sa pertinence sociale, le secteur est confronté à une transformation radicale de son modèle économique, a déclaré Patricia Pelayo Romero, co-autrice du rapport. La proposition de valeur des compagnies d’assurance va évoluer pour passer de la compensation financière classique à la gestion des risques ainsi qu’à des gammes de services holistiques visant à prévenir et à atténuer les risques. Il en découle une logique irréfutable : pour combler les énormes lacunes en matière de protection (catastrophes naturelles, cybersécurité, santé ou retraite), il ne suffira peut-être plus d’engranger davantage de primes, mais il faudra plutôt commencer par éviter les risques. »
Primes d’assurance*
|
Md€ |
TCAC** |
|||
|
2021 |
2022 |
2033 |
2023-33 (%) |
|
Europe occidentale |
1 323 |
1 324 |
1 860 |
3,1 |
|
France |
265 |
263 |
368 |
3,1 |
|
Amérique du Nord |
2 268 |
2 442 |
3 908 |
4,4 |
|
Japon |
283 |
308 |
391 |
2,2 |
|
Asie hors JP |
1 149 |
1 194 |
2 788 |
8,0 |
|
Chine |
605 |
633 |
1 486 |
8,1 |
|
Reste du monde |
281 |
294 |
806 |
9,6 |
|
Monde |
5 304 |
5 563 |
9 753 |
5,2 |
|
* Sur la base des taux de change de 2022.
** Taux de croissance annuel composé.
Ce document est une traduction du communiqué de presse en anglais disponible ici.
Retrouvez l’« Allianz Global Insurance Map » interactive sur notre page d’accueil :
https://www.allianz.com/en/economic_research/research-data/global-insurance-map.html
Consultez l’étude ici.
^ [1] Tous les chiffres sont basés sur les taux de change de 2022.