28 Mai 2020

Allianz Pension Report 2020 Retraites : Le cygne argenté ?

Allianz Pension Report 2020 Retraites : Le cygne argenté ?

  • Alors que la crise de la Covid19 remet en question les hypothèses de croissance sur lesquelles les systèmes de retraites se basent, nous avons analysé les conditions initiales (démographiques et budgétaires), la viabilité et l’adéquation de plus de 70 systèmes de retraites dans le monde.
  • Le constat est inquiétant, seule une poignée de pays, dont la Suède, la Belgique et le Danemark sont prêts pour le choc de la transition démographique.
  • Le système de retraites français se classe à la 51e place mondiale, en deçà de la plupart de ses pairs européens, et ce malgré sa générosité. Sa viabilité financière pèse dans cette contre-performance.

Le groupe Allianz publie aujourd’hui la première édition de son "Global Pension Report", qui analyse et classe les systèmes de retraites dans le monde, en analysant les conditions initiales – démographiques et budgétaires – ainsi que deux dimensions essentielles des systèmes de retraites : leur viabilité et leur adéquation à un niveau de vie proche de celui d’un actif. L'Allianz Pension Index (API) repose donc sur trois parties et regroupe un total de 30 variables qui sont notées sur une échelle de 1 à 7, 1 étant la meilleure note. En additionnant tous les sous-totaux pondérés, l'API attribue à chacun des 70 pays analysés une note globale comprise entre 1 et 7.

"La démographie et les retraites ont été éclipsées par d’autres priorités ces dernières années, en premier lieu le changement climatique et aujourd'hui la lutte contre l’épidémie de la Covid-19", selon Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz. "Mais désamorcer la crise imminente des retraites et préserver la justice et l'égalité entre les générations sont des éléments clés pour construire des sociétés inclusives et résilientes. Alors que les politiques façonnent la reprise, n’oublions pas la protection sociale".

La France à la traîne, malgré un système de retraites généreux.

La Suède, la Belgique et le Danemark apparaissent comme les meilleurs systèmes de retraites au monde (voir tableau). Le système français, en revanche, se classe à la 51e place. En termes d’adéquation, avec un score de 3,2, il se situe au-dessus de la moyenne mondiale, notamment grâce à son régime public de retraites relativement généreux. Une marge de progression demeure quant aux financements par capitalisation. En termes de viabilité (4,8), les résultats sont mitigés. Les options de politiques économiques qui pourraient améliorer le résultat comprennent l'âge de la retraite, les déductions pour retraite anticipée et l’inclusion d’un facteur démographique dans la formule de la pension de retraites. Ceci est d'autant plus important que la marge de manœuvre budgétaire est contrainte (et plus encore après la Covid-19) et que le vieillissement de la société progresse rapidement : le taux de dépendance[1] des personnes âgées atteindra près de 50 % d’ici trois décennies. Ainsi, après la crise Covid19, le débat sur la durabilité du système de retraites devrait revenir sur le devant de la scène politique.

[1] Le ratio entre le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans et celles âgées de 15 à 64 ans.

Top 10 des systèmes de retraites dans le monde

Pays

Classement

Score total

Conditions

initiales (score)

Viabilité
(score)

Adéquation 
(score)

Suède

1

2.9

3.4

3.0

2.6

Belgique

2

2.9

4.3

2.9

2.3

Danemark

3

3.0

3.3

3.2

2.5

Nouvelle Zélande

4

3.0

3.5

3.8

1.9

États Unis

5

3.0

3.1

3.3

2.8

Australie

6

3.1

3.0

3.3

3.0

Pays Bas

7

3.1

4.0

3.9

2.0

Norvège

8

3.2

3.3

3.9

2.4

Bulgarie

9

3.2

3.8

2.7

3.3

Canada

10

3.2

3.4

3.8

2.6

 

 

 

 

 

France

51

4.2

4.8

4.8

3.2

Source : Allianz. Le tableau dans son ensemble est disponible dans le rapport.

 

Dans le monde, entre démographie et finances publiques sous pression, le report de l’âge de départ à la retraite et la mise en place de solutions de retraites par capitalisation restent les options privilégiées pour améliorer le système de retraites.    

L'augmentation du taux de dépendance des personnes âgées dans le monde devrait atteindre 25 % d’ici à 2050. Dans de nombreuses économies émergentes, ce taux va plus que doubler au cours des trois prochaines décennies ; c’est une évolution deux fois plus rapide que l’évolution équivalente en Amérique du Nord ou en Europe. L'exemple le plus marquant est celui de la Chine, où le taux devrait passer de 17 % à 44 %. Pour les pays industrialisés, ce taux est le principal motif de préoccupation, atteignant par exemple 51% en Europe occidentale.   

Cette évolution se reflète dans le premier indice de l'API, les "conditions initiales", qui prend en compte l'évolution démographique et la situation des finances publiques (marge de manœuvre budgétaire). Il n'est pas surprenant que de nombreux pays émergents d'Afrique ou d'Asie obtiennent d'assez bons résultats, car leur population est encore jeune et leurs déficits et dettes publics sont relativement faibles. En revanche, de nombreux pays européens comme l'Italie ou le Portugal se classent parmi les moins performants : les populations âgées sont confrontées à des dettes élevées. "Le problème des retraites n’est pas nouveau", déclaré Michaela Grimm, auteure du rapport. "Mais la crise du coronavirus et son lot de nouvelles dettes changent la donne. Une des conséquences de la crise sera certainement que nous devrons redoubler d'efforts pour reformer nos systèmes de retraites. Le peu qui restait de marge de manœuvre budgétaire s’est envolé".

Le deuxième sous-indice de l'API est la viabilité, qui mesure la manière dont les systèmes de retraites s’adaptent aux changements démographiques : Existent-ils des amortisseurs intégrés ou le système risque-t-il de s'effondrer avec la baisse du nombre de cotisants et la hausse du nombre de bénéficiaires ? Dans ce contexte, un levier important est l'âge de la retraite. Dans les années 1950, un homme de 65 ans en moyenne, vivant en Amérique du Nord ou en Europe, pouvait s'attendre à passer environ 12,5 ans à la retraite. Aujourd'hui, l'espérance de vie supplémentaire moyenne d'un homme de 65 ans est de 17,6 ans et elle devrait passer à 20,8 ans en 2050. En conséquence, le ratio entre le temps passé à travailler et le temps passé à la retraite a nettement diminué. Les pays qui, comme les Pays-Bas, ont décidé d'adapter l'âge légal de la retraite ou d’ajuster l'augmentation des prestations de retraites à la hausse de l'espérance de vie, ont donc un système de retraites plus durable que les pays où le report de la retraite est encore un tabou.

Le troisième bloc d’indicateurs de l'API évalue l’adéquation du système de retraites, en se demandant si les systèmes de retraites assurent un niveau de vie adéquat au grand âge. Les leviers prépondérants sont le taux de couverture - c'est-à-dire la part de la population en âge de travailler et du groupe d'âge de la retraite qui est couverte par le système de retraites, le taux de prestations - c'est-à-dire les sommes mesurées en termes de revenu moyen qu’un retraité moyen perçoit -, et enfin l'existence d'une assurance vieillesse financée par capitalisation et d'autres sources de revenus.

Dans l'ensemble, le score moyen du pilier de l’adéquation (3,7) est légèrement meilleur que celui du pilier de durabilité (4,0), signe que la plupart des systèmes continuent à accorder plus d'importance au bien-être de la génération actuelle de retraités qu'à celui de la future génération de contribuables et de cotisants sociaux. Les pays en tête du classement d’adéquation ont soit des régimes de retraites publics encore assez généreux, comme l'Autriche ou l'Italie, soit de solides systèmes par capitalisation, comme la Nouvelle-Zélande ou les Pays-Bas.

Toutefois les solutions de retraites par capitalisation sont elles aussi de plus en plus sous pression dans le contexte persistant de faibles taux d'intérêt. La pandémie de la Covid-19 risque d’ailleurs d’aggraver cette tendance en poussant les rendements à la baisse. "L'environnement de faibles rendements a forcé les fonds de pension et les assureurs-vie à explorer de nouvelles classes d'actifs dits alternatifs", a déclaré Cameron Jovanovic, responsable des solutions de retraite du groupe Allianz. "Cette poussée vers les investissements alternatifs permet aux prestataires de bénéficier de la prime d'illiquidité qui correspond bien à la durée de leur portefeuille. Une autre stratégie consiste à dérisquer plutôt que de rechercher des rendements ; en effet les swaps de longévité, les transferts de risques liés aux retraites et les montages innovants de réassurance deviennent des moyens de gérer au mieux l'exposition des fonds de pension et des assureurs".

 

Munich, le 28 mai 2020

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