27 Février 2019

Euro Monitor 2018 : Difficile de faire mieux

Euro Monitor 2018 : Difficile de faire mieux

  • En zone euro, l’indicateur synthétique de santé économique du groupe Allianz, l’Euro Monitor, plafonne à 6,8/10, son meilleur score depuis 2001, mais pour la deuxième année consécutive
  • Les quatre poids lourds de la zone euro sont à la traîne, y compris l’Allemagne, première du classement général, mais 13eme sur l’indicateur de progrès des réformes
  • La France est dernière du classement pour la troisième année consécutive, et les perspectives de réformes semblent limitées

Dix ans après le début de la grande crise financière, la zone euro dans son ensemble semble de nouveau être en relative bonne santé. Le chômage a fortement reculé, la balance courante affiche désormais un solide excédent et l’évolution positive des finances publiques a permis à tous les pays de la zone euro de respecter pour la première fois en 2018 le critère de Maastricht des 3 %. Le déficit budgétaire moyen de la zone euro atteint 0,6 % par rapport au PIB.

Cette évolution économique positive se reflète dans les résultats de l’indicateur du groupe Allianz, l’Euro Monitor, à travers lequel nous évaluons la stabilité et la santé des économies de la zone euro sur la base de 20 indicateurs dans quatre catégories : viabilité budgétaire, compétitivité, emploi et productivité et dette privée et extérieure. Malgré l’absence de nouvelle amélioration en 2018, à 6,8 (sur une échelle de 1 à 10), la note d’ensemble de l’Euro Monitor pour la zone euro est la plus élevée pour la zone euro depuis 2001. 

L’Euro Monitor fait toutefois également ressortir des thèmes de préoccupation majeurs. Sa méthodologie distingue, pour aboutir à la note d’ensemble, les niveaux des indicateurs de leurs progrès. En 2018, seul l’indicateur de niveau de l’Euro Monitor, qui agrège les paramètres structurels, est en légère amélioration. Entre-temps, l’indicateur de progrès, qui se fait l’écho des avancées à court terme des réformes, a pour sa part perdu du terrain. Ce renversement de tendance s’explique en grande partie par des notes inférieures pour les indicateurs qui mesurent la variation annuelle de la productivité et des coûts unitaires du travail, ainsi que par la performance des exportations de la zone euro par rapport à la dynamique du commerce mondial.

« Dans une perspective nationale, ce sont particulièrement les quatre plus grandes économies de la zone euro qui sont sources d’inquiétude, mais pour des raisons différentes », a déclaré Ludovic Subran, Directeur de la Recherche Macroéconomique du groupe Allianz.

 

Citons tout d’abord l’Italie et la France, dont la note n’a pas changé sur la dernière décennie, alors même que leurs pairs connaissaient une amélioration au sortir de la grande crise financière, puis de la crise de la dette de la zone euro. La France et l’Italie sont les bons derniers de l’Euro Monitor depuis 2016.

L’Espagne, quant à elle, a vu sa note s’améliorer sensiblement ces dernières années. Toutefois, sa dynamique de réformes s’est nettement inversée en 2018, à en juger par la détérioration de sa note, et donc de son positionnement dans le classement Euro Monitor ; elle est reléguée juste au-dessus de la France et de l’Italie (en 17e position sur 19).

« L’Allemagne, bien qu’elle occupe une fois de plus la pole position au classement général 2018, a du mal à se reformer. L’indicateur de progrès pour l’Allemagne est retombé à la treizième place, principalement en raison d’une croissance plus faible des exportations par rapport à la dynamique du commerce mondial et d’une croissance de la productivité quasiment nulle. Il s’agit là du pire classement de l’Allemagne depuis l’introduction de l’euro et d’un recul par rapport à sa deuxième place atteinte il y a à peine cinq ans, en 2014. », a déclaré Ludovic Subran.

Bien que l’Euro Monitor soit par nature rétrospectif, il permet de tirer des leçons sur les perspectives de stabilité de l’économie de la zone euro. Les perspectives d’amélioration de la note de l’Euro Monitor sont peu encourageantes. D’une part, les déséquilibres macroéconomiques à venir se résorberont plus difficilement à mesure que l’économie ralentit. En outre, le pic des réformes est derrière nous ; il est peu probable qu’elles s’accélèrent de nouveau dans un avenir proche. En effet, l’instabilité politique liée à la montée des populismes et à la fragmentation croissante du paysage politique, mine le consensus européen – déjà affaibli – en faveur de la convergence macroéconomique et de la discipline budgétaire. Cette évolution menace la stabilité de la zone euro. Seule une action politique approfondie – tant au niveau national qu’au niveau européen – pourrait contribuer à inverser cette tendance. Sans cela, on pourrait difficilement faire mieux que les résultats de l’Euro Monitor 2018.

France : dernière du classement, de nouveau

« Avec un score global de 5,5, la France occupe pour la troisième année consécutive la dernière place de l’Euro Monitor. Un indicateur de progrès toujours faible par rapport aux autres pays de la zone euro – depuis 2014, la France se classe parmi les trois derniers du classement de l’indicateur de progrès – indique que le pays n’a pas réussi à rattraper ses pairs, malgré une année 2017 prometteuse », a déclaré Ludovic Subran. 

 

La France obtient la note la plus faible de 1/10 à deux indicateurs : sa part dans les exportations mondiales, et le niveau de la dette de ses entreprises. Cette dernière s’élève à plus de 140 % du PIB. Si la tendance à la hausse a enregistré une légère modération en 2018, elle reste ininterrompue. Au chapitre des bonnes nouvelles toutefois, les coûts unitaires du travail continuent d’évoluer favorablement, la variation annuelle étant inférieure à celle observée en Allemagne pour la septième année consécutive.

Par rapport à 2017, les performances de la France dans la catégorie « Emploi et productivité » sont celles qui se sont le plus dégradées. Avec un score global de 5,4, la France est désormais la moins bien notée dans ce domaine après la Grèce et l’Italie. Il est inquiétant de constater que la tendance positive du marché du travail s’est essoufflée en 2018, malgré un taux de chômage qui reste supérieur au niveau d’avant la crise. La croissance de la productivité a également fléchi en 2018, mais elle dépasse tout de même légèrement la moyenne de 0,7 % de la zone euro.

Les résultats les plus importants de l’Euro Monitor 2018 en détail :

 

  • Douze pays ont pu améliorer leur note en 2018 par rapport à 2017, cinq d’entre eux ayant perdu du terrain, tandis que pour deux autres, l’évaluation globale est restée inchangée. Dans la plupart des pays, les ratios d’endettement des entreprises se sont améliorés et la tendance positive du marché du travail s’est inversée. Des reculs ont toutefois été observés en raison de la faible croissance des exportations par rapport à la dynamique du commerce mondial et d’une évolution moins favorable des coûts unitaires du travail à court et à long terme.
  • Amélioration de l’indicateur de niveau : L’indicateur est passé de 6,3 à 6,6 en 2018 pour atteindre son plus haut niveau depuis 2007. La tendance de court terme s’affaiblit : L’indicateur de progrès à court terme s’est légèrement inversé en 2018. Mais il reste en territoire favorable à 7,1, contre 7,2 en 2017 pour l’ensemble de la zone euro. À titre de comparaison : en 2009, année de crise, le sous-indicateur était toujours encore bloqué en territoire critique, à peine à 2,8.
  • Les gagnants… : L’Allemagne demeure en tête de la zone euro en matière de stabilité économique, avec une note générale de 8,0 en 2018. Les résultats toujours globalement bons en 2018 sont à mettre au crédit de la robuste performance du pays dans les domaines de la viabilité budgétaire et de la dette privée et étrangère. L’Allemagne est le seul pays de la zone euro à entrer dans la catégorie « bon » de l’Euro Monitor qui exige une note globale de 8 ou plus. Cependant, son score a chuté de 0,1 point par rapport à 2017 et, plus alarmant encore, le net retournement de l’indicateur de progrès depuis 2015 témoigne du laisser-aller de l’Allemagne à l’égard des réformes. En 2018, la Slovénie et les Pays-Bas se partagent la deuxième place avec une note de 7,9. Les positions des trois premiers pays restent inchangées par rapport à l’année dernière malgré une légère détérioration de la note globale pour l’Allemagne et la Slovénie.
  • ...et les perdants : La France et l’Italie occupent la dernière place de notre classement général cette année avec une note de 5,5. Ce mauvais classement s’explique par le fait que la France et l’Italie n’ont pratiquement pas progressé dans la réduction des déséquilibres économiques depuis 2015, alors que des pays comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont signé de nettes avancées. Avec l’Espagne, cela place trois poids lourds de la zone euro au bas de notre tableau comparatif.
  • Les étoiles filantes : Le pays qui a le plus grimpé dans le classement est la Grèce, qui gagne quatre places. Dans le même temps, Chypre, pour sa part, a réalisé le bond le plus important en termes de note générale, celle-ci passant de 0,6 à 6,5. En conséquence, l’ancien pays en crise a grimpé de deux rangs dans notre classement général pour atteindre la 15e place, après avoir été dernier en 2014. En ce qui concerne l’indicateur de niveau, l’Allemagne est en tête avec une note de 9,1. La Slovénie (9,0) et Malte (8,8), en revanche, sont en tête du tableau des indicateurs de progrès.
  • Faiblesses : Pour la toute première fois, aucun indicateur individuel ne s’inscrit dans la zone critique avec une note inférieure ou égale à 4 pour l’ensemble de la zone euro. Les indicateurs individuels qui obtiennent les scores les plus faibles sont la dette publique, le taux de chômage, la croissance de la productivité, la performance des exportations par rapport à la dynamique du commerce mondial et la dette des entreprises en pourcentage du PIB.
  • Force : Une fois de plus, les meilleurs résultats ont été obtenus pour l’indicateur du compte courant (note moyenne de la zone euro : 10). La charge d’intérêts en % du PIB, le déficit budgétaire et les exportations par rapport au PIB ont également été positifs dans l’ensemble, avec une note moyenne de 9 pour la zone euro.

Vous trouverez l’étude sur notre page d’accueil

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