03 Janvier 2023

Perspectives mondiales 2023-2024 : calme et persévérance

Perspectives mondiales 2023-2024 : calme et persévérance

  • La crise de l’énergie continuera de susciter des inquiétudes en Europe.
  • La fin des mesures de zéro-Covid en Chine permettra d’alléger les pressions sur les échanges commerciaux et d’accélérer la baisse des prix à la production.
  • Alors que le rythme actuel de hausse des taux est sur le point de ralentir, l’indépendance des banques centrales sera mise à l’épreuve.

Munich, le 03 janvier 2023

Depuis septembre dernier, l’aggravation de la crise énergétique et l’adoption de différentes mesures difficiles ont confirmé nos prévisions de ralentissement de la croissance, d’inflation persistante et de hausse des taux d’intérêt. Pour 2023, Allianz a compilé huit chansons à fredonner pour demeurer dans l’anticipation pendant la longue période de quarantaine énergétique.

N°1 : « Slow Down ». Nous continuons d’anticiper une légère récession pour 2023 : en Europe, du fait de la crise énergétique et aux États-Unis, en raison du resserrement rapide des conditions monétaires et financières. Cette récession mettra à l’épreuve la résilience des entreprises. Des bilans plus solides, des carnets de commandes bien remplis et des mesures de soutien budgétaire permettront de limiter les dégâts. Dans les pays émergents, la croissance devrait rester stable en 2023. En 2024, Allianz anticipe une reprise économique modeste aux États-Unis, mais plus faible dans la zone euro en raison de l’évolution en dents de scie de la crise énergétique.

N°2 : « Cold Heart ». La crise énergétique continuera de susciter des inquiétudes en Europe. Après avoir échappée à une pénurie en 2022 grâce à des niveaux record de stocks de gaz et de gains d’efficacité énergétique, l’Europe devra faire face à des perspectives moins réjouissantes pour l’hiver prochain (2023-2024). En effet, les solutions de substitution aux importations de gaz russe ne suffiront pas. Les incertitudes entourant l’approvisionnement en gaz auront un impact sur la confiance et mettront à rude épreuve les capacités budgétaires de la région pour amortir l’impact des prix élevés de l’électricité pour les entreprises et les ménages. La situation obligera également les décideurs politiques à trouver des moyens afin d’améliorer l’efficacité énergétique et de stabiliser la consommation de gaz, au-delà des économies à court terme. Sinon, un autre scénario pourrait se profiler avec une répétition de 2012, c’est-à-dire avec une crise de la dette dans la zone euro et un risque de fragmentation en Europe.

N°3 : « Bad Blood ». La (géo)politique a fait un retour fracassant au premier plan des préoccupations. Qu’il s’agisse du Congrès américain divisé et d’un retour notable au protectionnisme par le biais de l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis ; des politiques européennes pour faire face au choc négatif de compétitivité provoqué par la crise énergétique (souveraineté, réindustrialisation) ; de la sortie non sans risque de la Chine de la politique zéro-Covid ; ou encore des élections majeures à venir, les investisseurs et les entreprises devront opter pour des stratégies d’adaptation et des mesures d’atténuation.

N°4 : « Dragon Attack ». La fin des mesures de confinement en Chine atténuera le ralentissement des échanges commerciaux mondiaux et accélérera la baisse des prix à la production. La reprise post-Covid pourrait commencer à se faire sentir dans le pays dès le premier semestre 2023. Néanmoins, la reprise chinoise pourrait retarder l’allègement des pressions inflationnistes.

N°5 : « Never Give Up ». Les marchés émergents devront relever des défis et surmonter des obstacles d’une toute autre nature au cours des prochains mois. Le risque politique a augmenté en Amérique latine, les pays d’Europe de l’Est sont les plus durement touchés par la crise énergétique et les importateurs de matières premières dans le monde entier devront s’accommoder d’un dollar fort et de prix élevés pour l’énergie et les denrées alimentaires. Des mesures politiques crédibles pourront faire la différence. Les inquiétudes liées à la soutenabilité de la dette de certains pays s’intensifient dans un contexte de hausse des taux et de fuite des capitaux vers les valeurs refuges.

N°6 : « Castle on the Hill ». Les banques centrales sont déterminées à lutter contre l’inflation pour que celle-ci ne s’enracine pas. Alors que le rythme actuel de hausse des taux est sur le point de ralentir, l’indépendance des banques centrales sera mise à l’épreuve : vont-elles maintenir plus longtemps encore une politique monétaire restrictive malgré une récession imminente, ou vont-elles renoncer trop tôt et prendre le risque d’une stagflation ? Dans un contexte de diminution de la liquidité, le risque de tension sur les marchés financiers en raison d’une erreur de politique existe bel et bien.

N°7 : « Bad Habits ». Depuis 2020, la guerre menée contre le virus, et maintenant contre la Russie, fait appel à une arme efficace : les dépenses budgétaires. Cette arme continuera d’occuper le devant de la scène au cours des deux prochaines années : mesures d’accompagnement liées à l’augmentation du coût de la vie, politiques industrielles vertes pour face aux guerres qui se livrent en silence (changement climatique, vieillissement démographique), lutte contre l’appel à un revirement de la politique budgétaire. Une aide plus ciblée et moins de distorsions seront les bienvenues pour éviter que les marchés financiers ne deviennent très sélectifs.

N°8 : « Easy on Me ». En 2022, les marchés de capitaux ont connu une situation désastreuse, avec une correction sans précédent des cours des actions et des obligations. Pour les mois à venir, les prévisions de bénéfices semblent encore trop optimistes et une récession, même plus modérée, n’est pas pleinement prise en compte. Les marchés obligataires reprennent du poil de la bête, mais le risque est toujours là. Par ailleurs, alors que les banques centrales drainent les liquidités excédentaires et que les volumes de transactions sont en baisse même sur des marchés historiquement liquides, il faudra se méfier des accidents financiers.

La France n’échappera pas à la récession. L’économie française a été résiliente en 2022, soutenue par un très fort dynamisme des dépenses d’investissement et un soutien budgétaire aux revenus des ménages important. Néanmoins, les conditions financières vont se durcir nettement en 2023, tandis que de plus en plus d’entreprises verront leur facture d’électricité augmenter fortement. L’activité est ainsi attendue en recul de - 0,4% sur l’ensemble de l’année. L’inflation restera très élevée en début d’année (au-dessus de 6%) en raison de l’accélération des prix alimentaires et de la hausse des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité résidentiels. Côté finances publiques, nous continuons d’anticiper un creusement du déficit public à - 5,5% du PIB, après - 5,1% en 2021.

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Les experts

Ludovic Subran

Chef économiste du Groupe Allianz 

Ludovic Subran est Chef économiste du groupe Allianz, premier assureur et investisseur en Europe. Auparavant, il était Chef économiste d’Euler Hermes, filiale d’Allianz et leader mondial de l’assurance-crédit. Avant de rejoindre le secteur privé, il a travaillé à la Banque Mondiale, aux Nations-Unies et à l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Il enseigne l’économie à HEC et à Sciences Po. Il est diplômé de l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Analyse de l’Information et de Sciences Po.