Vision de Marion Dewagenaere, leader de l’écosytème Mon Avenir chez Allianz France
Malgré la hausse annoncée du taux du livret A, l’assurance vie devrait rester le placement préféré des ménages français et rester en tête de leur choix.
Il faut dire que l’assurance vie présente de nombreux atouts tels qu’une enveloppe fiscale avantageuse, l’accès à de nombreux supports d’investissements avec la capacité d’arbitrer au sein du contrat, la liquidité de l’investissement, et le fond euros sécurisé.
L’année 2022 commence avec un contexte favorable pour l’assurance vie : une industrie qui a moins souffert que d’autres de la crise (les banques ont fait partie des services essentiels pendant les confinements et une grande partie des services financiers se sont déjà digitalisés), une épargne de précaution importante accumulée par les ménages, des marchés financiers qui sont revenus à des niveaux pré COVID, le CAC 40 atteignant même son plus haut historique fin 2021 et enfin la possibilité pour les épargnants de bénéficier des possibilités de transfert ouvertes par la loi PACTE.
Pour autant, les défis qui attendent les assureurs vie en 2022 sont nombreux, autour de deux axes : les clients et l’environnement macro-économique. Certes, ni l’évolution des attentes des clients, ni l’environnement de taux bas ne sont nouveaux en 2022, mais la crise a clairement accéléré la tendance et dès lors le rythme de transformation à attendre dans le secteur.
L’investisseur sera plus que jamais en quête de sens et de transparence
L’investisseur sera plus que jamais en quête de sens. La finance ne peut plus être le fruit de mécanismes opaques et déconnectés de l’économie réelle. La banque et l’assurance devront faire preuve de plus de transparence sur la façon dont l’épargne qui leur est confiée par leurs clients est investie et à comment elle est utilisée.
Cela concerne tant le financement de l’économie réelle que l’ESG sur lesquels les acteurs de la finance devront être concrets et crédibles. Faute de quoi le risque réputationnel de « green washing » sera réel, renforcé par une réglementation fournie, qui s’ajoute aux labels, et viendra compléxifier l’appropriation par les épargnants.
Cette transparence passera aussi par la simplicité. Les offres d’épargne sont de plus en plus diversifiées et se sont aussi démocratisées grâce notamment aux acteurs digitaux. Leur mécanique intrinsèque (épargne au bilan d’une banque, épargne financière sur laquelle l’épargnant supporte directement le risque en capital ou de liquidité ou via le bilan d’un assureur..) reste néanmoins méconnue de beaucoup d’épargnants. Plus les offres sont larges et plus la pédagogie devient nécessaire. Le digital et l’accompagnement par le conseiller se complètent pour apporter cette pédagogie qui relève presque de la démystification.
Cette transparence passera enfin par les frais, avec de plus en plus d’offres cleanshare, sans rétrocessions ou frais cachés pour le client. Jusqu’à présent, plutôt réservé à la gestion de fortune, ce concept commence à s’introduire sur le marché de l’assurane vie. Allianz France a d’ailleurs décidé de le proposer à sa clientèle grand public via Allianz Vie Fidélité et c’est un succès.
Le contexte de taux bas persistants et le réveil de l’inflation vont continuer à mettre les marges des assureurs vie sous pression et à les inciter à transformer leur business model
Après une année 2021 marquée par une forte remontée de l’inflation , la progression de l’inflation en 2022 devrait être limitée par les politiques monétaires toujours accommodantes, mais même limitée cette hausse va peser sur les coûts.
La reprise économique a engendré une légère remontée des taux en 2021 qui devrait se poursuivre en 2022 ; celle-ci favoriserait les assureurs qui vont progressivement réinjecter des actifs obligataires plus rémunérateurs dans leurs portefeuilles tout en lâchant du lest sur la PPE, ce qui aura un impact positif sur la solvabilité, mais ce sera long !
Dans ce contexte, le triptyque des fonds en euros traditionnels (performance/garantie en capital/liquidité à tout moment) n’est plus viable. Le secteur va continuer sa transformation vers des produits moins consommateurs en capital à travers par des fonds euros revisités, tout en poursuivant des objectifs de croissance des taux d’UC. Le Plan d’Epargne Retraite, dont il faudra faire grandir la notoriété, devrait aussi poursuivre sa percée vu le fort potentiel sur les jeunes actifs et l’intérêt de sa gestion financière évolutive.
En définitive, l’année 2022 devrait voir s’accélérer la transformation du secteur, autour de la transparence et de la pédagogie pour les clients, et de la transformation du business model pour les assureurs qui devront innover pour proposer des produits moins consommateurs en capital.